dimanche 31 mars 2013

SPEED DATING

Ce n'est qu'après quelques centaines de mètres que j'ai bien dû m'avouer que, même s'il n'était pas allé dans la même direction que la mienne, j'aurais suivi cet homme. 
Allongeant ma foulée pour ne pas me faire distancer par la sienne, je gardais les yeux rivés à ses chaussures dont la fermeture éclair, à l'arrière, à peine révélée par le bas du pantalon, me semblait le détail le plus chic imaginable. Et j'aurais tourné le dos à tout ce qui, l'instant d'avant, me paraissait le plus important dans ma vie en échange de la promesse du récit des voyages qui avaient usé ce cuir si élégamment patiné.
Ce n'est qu'au feu de la porte de Namur que mon regard remonta le long du manteau sombre à la coupe avantageuse et rencontra la main qui enserrait un cahier Moleskine. 
Les doigts, courts et disgracieux, étaient ornés de deux anneaux ostentatoires d'un or clinquant.

  •  Quelques jours auparavant, je les avais pourtant entendues dire que c'étaient leurs mains qu'elles regardaient en premier chez les hommes et j'avais pensé Pas les yeux ?
  • Quelques jours plus tard, à propos du rendez-vous que tu regrettais de ne pouvoir me donner, tu avais écrit Croiser ton regard, entendre ta voix, regarder tes mains. Et j'avais acheté une nouvelle bague.

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