lundi 6 janvier 2014

Les nourritures terrestres et quotidiennes

Une baguette de campagne + (au choix) : 

saumon fumé + tomate + citron
ou
moutarde + anchois + tomate + citron
ou 
tahin + carottes rapées + oeufs durs
ou 
moutarde + tofu mariné à la sauce soja et à l'huile d'olive + tomate
ou 
dos de thon à l'huile d'olive + tomate + citron
Le fond de la cuisine majorquine est invariablement le cochon sous toutes les formes et sous tous les aspects. C'est là qu'eût été de saison le dicton du petit savoyard faisant l'éloge de sa gargote et disant avec admiration qu'on y mange cinq sortes de viandes, à savoir : du cochon, du porc, du lard, du jambon et du salé. A Majorque, on fabrique, j'en suis sûr, plus de deux mille sortes de mets avec le porc, et moins de deux cents espèces de boudins, assaisonnés d'une telle profusion d'ail, de poivre, de piment et d'épices corrosives de tout genre, qu'on y risque la vie à chaque morceau. Vous voyez paraître sur la table vingt plats qui ressemblent à toutes sortes de mets chrétiens, ne vous y fiez pas cependant, ce sont des drogues infernales cuites par le diable en personne. Enfin vient au dessert une tarte en pâtisserie de fort bonne mine, avec des tranches de fruit qui ressemblent à des oranges sucrées, c'est une tourte de cochon à l'ail, avec des tranches de tomatigas, de pommes d'amour et de piment, le tout saupoudré de sel blanc que vous prendriez pour du sucre à son air d'innocence.
George Sand. Un hiver à Majorque.

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