mercredi 5 février 2014

Là, c'est le jour où la première page de mon livre était numérotée 505...


Le ton général de l'ouvrage était celui de l'humilité, d'une espèce complaisante et un peu lourde, peut-être, dans le genre du chameau passant par le chas de l'aiguille. 
M. Pivner feuilleta les pages en jetant un coup d'oeil aux titres familiers. Techniques fondamentales dans la façon de traiter les gens... Six moyens de faire que les gens vous aiment... Douze façons d'amener les gens à partager vos idées... et dodelina de la tête. Il était très las. Pourquoi prêter tant d'attention, consacrer tant de temps à ce livre qui reposait sur son étroit giron ? M. Pivner trouvait une sécurité dans les chiffres; toute publication ayant un million de lecteurs le rassurait, et dans un pays où les maladies mentales frappaient plus de gens que tous les autres maux humains combinés, un tirage de quatre millions était plus rassurant que n'importe quoi : sur vingt-cinq citoyens de plus de quatorze ans capables de lire, l'un d'eux avait acheté ce livre, sans parler des multiples exemplaires déchirés, soulignés, qui avaient circulé parmi les vingt-quatre autres. 
William Gaddis. Les Reconnaissances, tome II
... et où j'ai croisé plus de trois personnes sur mon trajet quotidien.

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