jeudi 20 novembre 2014

La vie des pages (6)

Son coup de téléphone m'a douée d'ubiquité (1) en même temps qu'il ne m'a pas surprise (2) -enfin si, malgré tout (3)- et que je me répandais en remerciements (4).
(1) : pendant que je la regardais -appuyée sur une jambe, sur l'autre- je voyais aussi le couloir dans lequel les sonneries étaient en train de résonner, à l'autre bout de la ligne et, à sa première interrogation suivie d'un temps de silence, suivie d'une deuxième, je devinai que l'enfant avait décroché avant d'appeler son père qui répondit que oui, claro que si, il m'autorisait, moi qui étais au guichet munie de sa carte, à emprunter les documents que j'avais choisis pour lui. 
(2) je me souvenais l'avoir lu dans les conditions de prêt : La tarjeta de usuario es personal e intransferible et j'avais pensé, alors, à ce que je savais du patriot act, et aux conséquences qu'un emprunt pour autrui pouvait avoir dans un autre pays, j'avais pensé, alors, que, d'ailleurs, je ne connaissais pas les règles de celui dans lequel je vivais, j'avais pensé, alors, que, peut-être, ce genre de mesures était une trace du franquisme car, après tout, une dictature, ça devait en laisser, des traces, dans un pays, oui, j'ai eu le temps de penser à tout cela pendant mon inscription ICI
(3) car ce n'est pas que quiconque me l'aurait proposé.
(4) j'espère toujours, dans ces cas-là, que mon accent est identifiable car je les connais, ces stéréotypes qui s'invitent volontiers et à l'improviste dans les conversations les plus banales et, bien que j'aie des problèmes avec l'identité nationale, j'aimerais autant, à force de sourires et de muchas gracias, faire oublier qu'on dit, souvent, que les Français sont arrogants. 

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