lundi 10 novembre 2014

Les longues vacances



Pouvait-il vraiment le croire, V., que je ne l'avais pas reconnu alors que notre dernière rencontre ne remontait qu'à quelques jours ? 

Certes, la dernière fois comme toutes les autres pendant six mois : pantalon noir, chemise bordeaux avec logo, sourire indéfectible, compliment bien senti, insistance discrète sur l'étendue du choix de grillades, des variétés de pizzas, des parfums des cocktails, conseil avisé sur l'emplacement de la table, clin d'oeil complice aux enfants, modeste maîtrise des langues étrangères. 

Certes, cette fois : pas rasé, pas coiffé, tee-shirt délavé, short mou, baskets usées.
Sautant comme un gamin avec ses amies pour tenter de fléchir les branches chargées du grenadier. 

J'ai ralenti ma marche forcée quand je l'ai vu.
J'ai dû avoir l'air d'hésiter. 
La grande différence n'était pourtant pas sa physionomie
mais 
qu'il me parle espagnol comme à une familière
comme s'il avait déjà oublié que, pendant six mois : 
 en français et comme à une cliente. 

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