lundi 9 février 2015

La casa del pintor (fragments d'insularité)

Dix ans à pratiquer la course d'orientation n'y ont rien changé : même si j'aime les regarder, je ne retiens rien des cartes. Je hoche la tête d'un air entendu dans les conversations mais je persiste à vivre sur des territoires aux contours aléatoires dont je ne connais que quelques noms.  
De l'île, je connais un versant
et
 la moitié de l'autre

Il reste un blanc, inexploré, où m'a-t-on dit, il n'y a rien. Mais d'où vient Miquel Barceló, là où il a son atelier. 

L'homme souriant qui entre maintenant dans le café continue d'aller dans la vie avec des allures d'apprenti. Miquel Barceló, des années après. Avec les cheveux blonds et hérissés, avec l'envie de bavarder. Je ne connais personne de plus curieux, de plus attentif au monde. Il prend des nouvelles des enfants. Chose peu commune dans ces mondes culturels où il semble que nous soyons tous sortis d'un chou et que nous n'ayons ni enfants, ni parents. Il raconte les siens. Et quand il parle des siens, il ne s'agit pas seulement de ses enfants mais aussi de ceux du village du Mali où il passe une partie de l'année. Il nous montre où est sa maison sur une photo. La montagne escarpée, la trace laissée dans la terre par le manque d'eau. L'enfant d'un village majorquin a cherché un autre village dans un lieu lointain, dont les habitants, maintenant, désignent avec orgueil sa maison en haut de la montagne comme celle du peintre. Celui qui est de la campagne le sera toujours. 
Extrait traduit librement du recueil d'articles de Elvira Lindo publiés dans El País : Don de gentes.*
*El hombre sonriente que entra ahora en el café sigue yendo por la vida con pintas de aprendiz. Miquel Barceló, años después. Con los pelos rubiales y erizados, con ganas de charlar. No he conocido persona más curiosa, más atenta al mundo. Pregunta por los hijos, cosa nada común en estos mundos culturales en los que parece que todos hemos salido de un repollo y no tenemos ni hijos, ni padres. Cuenta sobre los suyos. Cuando habla de los suyos no se refiere sólo a sus hijos, también a ese pueblo de la aldea de Malí donde pasa parte del año. Nos señala dónde está su casa en una foto. La montaña escarpada, la huella que provoca en la tierra la falta de agua. El chico de pueblo mallorquín buscó otro pueblo en un lugar remoto, y hoy los aldeanos señalan con orgullo su casa en lo alto de la montaña como la casa del pintor. El que es de campo lo será siempre. 

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