mardi 4 août 2015

Tuesday self portrait

Il n'existe pas de distinctions sociales à Majorque. Tout le monde est un "señor" ou une "señora" et tous se sentent unis par les mêmes exigeantes façons de se conduire et la rectitude implicite dans l'adjectif "formel" qui a toujours une connotation positive. Bien que, au naturel, je sois très informel, j'essaie de passer pour un "monsieur très formel" : en ne faisant rien en public qui pourrait choquer la susceptibilité de mes voisins. Comme je le dis toujours à mes amis quand ils m'écrivent pour me demander des informations sur "mon île" : "l'île n'est pas à moi mais à eux". Pourvu que tous les étrangers prennent au sérieux ce fait si simple.
(…)
Je dois admettre que j'ai très peu d'amis intimes Espagnols, à part les gens du village, les commerçants et les gens comme ça. Une des raisons est que nous, nous commençons à aller nous coucher à onze heures et que nous nous levons à sept heures, au lieu d'aller dormir à trois heures du matin et nous lever à onze heures, comme se doit de le faire tout Espagnol aisé, nos heures de repas ne peuvent tout simplement pas coïncider avec les leurs. Les autres raisons sont l'excessive formalité dans la majorité des foyers espagnols et l'apparent manque d'intimité intellectuelle entre mari et femme.
Robert Graves. Por qué vivo en Mallorca
(Je traduis ici librement la traduction espagnole qu'ont réalisée Lucía Graves et Natalia Farrán Graves de l'anglais)

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