mercredi 11 mai 2016

Yoga mental

De toutes les activités intellectuelles favorisant les capacités mentales, la plus accessible et qui procure le meilleur rapport coût/bénéfice est, sans doute, la lecture. Lire est un des meilleurs exercices possibles pour maintenir en forme le cerveau. Il en est ainsi parce que l'activité de lire requiert de mettre en jeu un nombre important de processus mentaux parmi lesquels se distinguent la perception, la mémoire et le raisonnement.
(...) D'autres activités peuvent contribuer directement ou indirectement à la facilitation des processus d'apprentissage et de mémoire, en plus de ralentir les processus neurodégénératifs et les pertes mentales se produisant avec le vieillissement : en plus de l'apprentissage d'autres langues, la pratique de la musique et d'instruments, le yoga et les arts martiaux. 
Ignacio Morgado. Aprender, recordar y olvidar. (Apprendre, se souvenir, oublier)
Edith Grossman est américaine et traductrice de l'espagnol -elle a traduit en anglais Carmen Laforet, Mario Vargas Llosa, Gabriel García Márquez... mais aussi le Don Quichote de Cervantes. 
Elle a consacré un livre à son métier -Why translation matters- que je lis dans la traduction espagnole -Por qué la traducción importa- qu'en a faite Elvio E. Gandolfo et dont je traduis librement, à mon tour, un extrait :


Octavio Paz, l'écrivain mexicain qui a obtenu le Prix Nobel, commence son essai "Traduction : littérature et littéralité" avec la phrase : "Apprendre à parler est apprendre à traduire". Il soutient que les enfants traduisent l'inconnu dans un langage qui, lentement, leur devient familier et que, tous, nous sommes engagés dans la traduction de pensées en langage. Ensuite, il développe une idée encore plus suggestive : aucun texte écrit ou parlé n'est "original" en rien, étant donné que le langage, bien qu'il puisse être n'importe quoi d'autre, est une traduction du monde non verbal et que chaque signe linguistique et chaque phrase traduise un autre signe et une autre phrase. Et ceci signifie, dans un sens absolument utopique, que le plus humain des phénomènes -l'acquisition et l'usage du langage- est, selon Paz, un processus en réalité continu et infini de traduction; et, par extension, l'usage le plus créatif du langage -c'est à dire la littérature- est aussi un processus de traduction : non pas la transmutation du texte dans une autre langue mais la transformation et la concrétisation du contenu de l'imagination de l'écrivain en un artefact littéraire. Comme l'ont suggéré beaucoup d'observateurs, dont John Felstiner et Yves Bonnefoy, le traducteur qui s'efforce de recréer les mots d'un écrivain avec les mots d'une langue étrangère, de fait, poursuit la lutte originale de l'écrivain pour transformer les réalités non verbales en langage. En peu de mots, à mesure qu'ils passent des élaborations de l'imagination à la parole écrite, les auteurs participent à un processus parallèle à celui qu'effectuent les traducteurs quand ils passent d'une langue à l'autre.

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