lundi 22 août 2016

L'île désenchantée (fragments d'insularité)


Dans le fond nous étions abandonnés de tous et nous avions seulement les difficultés du commerce, dit-elle. Alors, au plus haut point de l'insupportable, selon elle, elle eut l'idée d'aller en avion à Majorque, avec son mari et son enfant, passer quelques semaines. Elle ne s'était pas engagée pour le voyage le meilleur marché mais si, tout de même, presque le meilleur marché, la chambre devait avoir un balcon duquel on pourrait voir la mer. Cela avait été sa seule exigence et fin août. C'est à dire, il y avait plus d'un an et demi, elle avait volé de Munich à Majorque. Vous savez, dit-elle, finalement j'ai seulement vingt-et-un ans et, ensuite, elle ne put continuer à parler. Ce fut à l'hôtel Paris, dit-elle, que nous avons logé. Je me l'étais imaginé différent. Elle ne put dire différent comment, même quand je lui demandai différent comment elle ne put le dire. Quand, pour la première fois après son arrivée, très tôt, elle alla à la mer avec son enfant, elle fut dégoûtée. Et l'enfant aussi. Ils avaient loué deux transats et avaient passé quelque heures en silence, juste sous les murs de l'hôtel, sur ces transats, avec mille ou deux mille personnes. Ils n'avaient pas du tout pu parler parce que, à côté de l'hôtel, il y avait des travaux qui empêchaient toute conversation. Ils avaient essayé de quitter l'hôtel mais cela ne fut pas possible, nulle part ils ne trouvèrent de logement. 
Traduction libre d'un extrait de Beton de Thomas Bernhard dont j'ai lu la traduction qu'en a faite Miguel Sáenz en espagnol.
La plage a des allures désertes, le soir.
Le jour, je préfère ne pas la voir.

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