dimanche 4 septembre 2016

Des insomnies, des écrivains, des spaghettis

On s'est croisés au lever du jour, dans le lit.
Où t'étais ? j'ai dit. Au salon, avec Richard, tu m'as répondu. Avec des anguilles, si ça se trouve, pour vous tenir compagnie, j'ai pensé. Mais. Plutôt que de te parler de la recette de spaghettis de Richard Brautigan, j'ai préféré te laisser te rendormir et je suis allée à la cuisine avec Ricardo. J'ai lu Ricardo Piglia pendant que cuisaient des lentilles et que je mordais dans mes toasts à l'avocat.
Je suis assis ici, dans un fauteuil de velours contre une fenêtre qui donne sur les toits de Buenos Aires, lisant Henry James, en même temps que les pensées les plus diverses passent devant moi, comme si je les voyais, comme si ma tête était connectée à une chaîne personnelle de télévision. Notre propre chaîne qui fonctionne parallèlement à notre lecture, comme cela arrive parfois avec des amis à qui je rend visite chez eux et que je trouve en train de lire avec la télévision allumée, parfois sans le son, seulement avec les images pendant qu'ils écoutent de la musique. 
Traduction libre d'un extrait* de  Los diarios de Emilio Renzi de Ricardo Piglia.


*Estoy aquí sentado en un sillón de felpa contra una ventana que da a las azoteas de Buenos Aires, leyendo a Henry James,  al mismo tiempo los pensamientos más variados cruzan frente a mí, como si los viera, como si mi cabeza estuviera conectada a un canal personal de televisión. El canal propio que funciona paralelamente a la lectura, como sucede a veces con algunos amigos a los que visito en su casa y los encuentro leyendo pero con el televisor prendido a veces sin sonido, sólo con imágenes, mientras en un combinado escuchan música. 

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